La
chaîne de production d'un dessin animé de série.
I. LA PRE-PRODUCTION
1. Ecriture d'un synopsis
2. Ecriture des scénarii
3. Recherche des modèles personnages
ou accessoires
4. Recherche et mise en couleur des personnages
5. Création du story-board
6. Enregistrement des voix
7. Détection des voix
8. Report du lip-sync sur les feuilles d'expostion
9. Action des feuilles d'exposition
10. Création des lay-out de référence
11. Création des décors
de référence
II. LA PRODUCTION
1. Fabrication des lay-out complémentaires
2. Fabrication des décors complémentaires
3. Animation ; assistant ; intervalliste
; metteur au net
4. Line test
Méthode traditionnelle :
5a. Traçage / Xerographie
6a. Gouachage des celluloïdes
7a. Préparation de l'animation
8a. Banc-titrage / effets spéciaux
optiques
ou
Méthode sur plateforme informatique :
5b. Préparation de l'animation
6b. Scan de l'animation / scan des décors
7b. Mise en couleur informatique
8b. Compositing / effets spéciaux numériques
III. LA POST-PRODUCTION
1. Calage du son (voix)
2. Doublage (si nécessaire)
3. Bruitage
4. Composition musicale
5. Mixage
6. Fabrication des génériques
7. Lay-back son
8. montage PAD (Prêt à diffuser)
I. LA PRE-PRODUCTION
(retour à la table des matières)
1. Ecriture d'un synopsis :
C'est l'esquisse brève de l'ensemble des épisodes de la
série. On y décrit les personnages en donnant des indications
précises sur le style de la série (cartoon ou réaliste)
et quelques indications sur les spécificités des personnages
(bégaiement, caractère... ). Il s'agit de la bible littéraire
qui conditionnera la suite de la création.
2. Ecriture des scénarii :
Ils sont réalisés à partir des instructions des
situations décrites dans le synopsis. Le dialogue, l'action,
l'ambiance, la description détaillée de l'histoire sont
les constantes d'un scénario.
3. Recherche des modèles personnages
ou accessoires (=character / props design) :
Durant l'élaboration du scénario, la recherche des modèles
peut débuter. Il s'agit avant tout d'une recherche de base, les
personnages ne comportent que les détails essentiels, abstraction
faite de leurs tailles. Cette recherche comprend aussi bien les personnages
principaux que secondaires, les animaux, les accessoires...
Pour un épisode de 26 minutes, on peut trecencer une centaine
de modèles, personnages et accessoires confondus.
4. Recherche et mise en couleur des personnages
:
Après acceptation des modèles, la recherche couleur est
engagée. Chacune des couleurs est répertoriée selon
son code RVB (= norme internationale définissant une couleur
selon ses valeurs de Rouge, Vert et Bleu).
Puis les model-sheets (= feuilles de modèle) sont créées.
Elles comprennent :
> Turn-around (= vues en pied face ; profil ; 3/4 ; dos)
et gros plan visage pour les personnages principaux,
> Construction géométrique,
> Les expressions (sur personnages principaux et secondaires
si nécessaire)
> Les différents costumes,
> Les comparaisons de tailles,
> Les positions de bouches (de 6 à 8).
5. Création du story-board :
Le story-board (ou scénarimage) se présente comme
une bande dessinée mettant en scène le scénario.
Il est le fruit de la collaboration du story-boarder et du réalisateur.
Comme il sert de base au travail du lay-out et ensuite des animateurs,
il doit être le plus clair et détaillé possible.
Le story-board comporte obligatoirement :
> Le numéro de la scène,
> Le lieu, l'ambiance (jour / nuit),
> La description de l'action, entrées/sorties de champ,
> Les dialogues et la présence d'effets sonores, référés
dans le temps et l'espace (son in/out/off),
> Les instructions pour la caméra et le cadre (panoramique
; truck-in/out ; cam-shake... ),
> Les mutliplans,
> Les parties net / flou et ratrapage de point (= soft focus),
> Les références des modèles pour identification
lors des scènes complexes,
> La nature des effets spéciaux,
> Le minutage (= timing) des scènes.
A noter que la gestion des réutilisations décors et animation
ainsi que des OL/UL est assurée à l'étape du story-board.
6. Enregistrement des voix :
Il est engagé dès acceptation du story-board. Il s'agit
soit d'un enregistrement témoin, soit de l'enregistrement définitif.
Dans le cas d'un enregistrement témoin, il faudra procéder
à un doublage en post-production.
7. Détection des voix :
Dans les deux cas, le son est reporté sur bande à 24 images/secondes
(cadence "film" si l'animation se fait de manière traditionnelle
) ou 25 i/s (cadence de la vidéo dans le cas plus répendu
d'un traitement informatisé) pour permettre la détection
donnant le timing du dialoque.
8. Report du lip-sync sur les feuilles d'expostion
:
Pour le report du lip-sync (= mot pour mot "synchronisation
des lèvres"), deux situations peuvent se présenter
:
> Le story-board est "sluggé" :
Le story comporte la postion de départ du dialogue à l'image
près, la personne qui a fait la détection peut mettre
en place le dialogue sur la feuille d'exposition ainsi que les positions
de bouche.
> Le story est non "sluggé" :
Le dialogue dera collé en fonction des actions.
9. Action des feuilles d'exposition :
Toutes les informations du story doivent être reportées
scrupuleusement et clairement sur la feuille d'expposition.
10, 11. Création des lay-out de
référence ; création des décors de référence
Les lay-out de référence et les décors couleurs
de référence correspondent au plan de situation des scènes
importantes ou représentatives.
Ils comporteront de manière séparée un lay-out
décors, un posing et un cadre.
La fabrication des lay-out est confiée au chef lay-out
(= chef de mise en forme scénique), qui est souvent le
premier assistant réalisateur de la série. Il assiste
le réalisateur pour tous les problèmes techniques, et
est responsable de l'exécution du lay-out. Il coordonne et contrôle
le travail des lay-outmen.
La mise en couleur des décors est confiée à
un chef décorateur qui détermine avec le réalisateur
le caractère graphique du film, dégage les ambiances générales
et réalise les décors principaux.Il coordonne et contrôle
le travail des décorateurs et des assistants décorateurs.
II. LA PRODUCTION
(retour à la table des matières)
Actuellement, une grande partie de la production est toujours sous-traitée
à l'étranger, la plupart du temps dans un pays d'Asie
(Chine, Corée du Nord, Corée du Sud) et ce pour des raisons
économiques. Il faut donc faire parvenir à ce (ou ces)
studio(s) storyboard, model-sheets et autres références
indispensables. En outre, il est judicieux d'adresser au studio étranger
de la documentation sur les ambiances, la géographie, l'histoire,
donnant le maximum d'informations permettant toutes les interprétations.
1,2. La fabrication des layout/décors
complémentaires est effectuée. Pour les layout, cela
comprend le posing (=positionnement des personnages et/ou objets
à animer par rapport au décors, avec les indications de
mouvement d'animation) et le cadre (qui précise les valeurs de
mouvements de caméra - truck IN/OUT ; panoramique - donnés
par le storyboard). Une fois dessinés, ils sont confiés
au superviseur pour validation.
3. L'animation est de loin l'étape
la plus longue est fastidieuse. Comme elle nécessite une délégation
des tâches sur un grand nombre de personnes (au gré des
périodes de pointe, ces studios asiatique peuvent recruter d'un
jour à l'autre plus d'une centaine de personnes plus ou moins
qualifiées, de l'enfant au vieillard !), c'est aussi l'étape
la plus hiérarchisée. Jugeons plutôt :
- L'animation est confiée à un directeur d'animation
qui dirige et contrôle les équipes de travail.
- Le chef animateur met en mouvement les éléments
du layout et contôle le travail des animateurs.
- L'animateur travaille sous la direction du chef animateur,
précise la mise en place des mouvements en contrôle
le travail des assistants et intervallistes.
- L'assistant animateur travaille sous la direction de l'animateur,
prend en charge les plans simples en laissant des intervalles réguliers.
- L'intervalliste travaille sous la direction de l'animateur
et exécute les dessins manquants.
- Le metteur au net exécute la mise au net (clean)
du trait de l'animateur et de l'assistant animateur afin de conserver
l'unité graphique.
Après validation de chaque plan, l'assistant réalisateur
contrôle l'animation tant techniquement qu'artistiquement puis
confie le plan à la personne chargée du contrôle
des model sheets.
4. Le line test (=test de l'animation
"brute", à savoir le dessin mis au net sur support
papier) est la dernière étape qui permettra au superviseur
de valider l'animation.
A partir de là les méthodes diffèrent : la
"traditionnelle" est peu à peu remplacée par
la méthode informatique, qui permet une souplesse (possibilté
de visualiser un rendu à n'importe que moment, pas de celluloïds
encombrants) et un rendement accrus, et présente l'avantage du
support : les données informatiques sont plus facilement manipulables
(gravage sur CD-R, transfert par internet, report sur support vidéo
aisé) que les péliculles.
Méthode traditionnelle :
5a. Le traçage est effectué
par le traceur qui reproduit les dessins d'animation du papier au celluloïde
(ou cellolu, ou cell) en tenant compte de directives d'épaisseur
/ de couleur du trait. Cette manipulation est maintenant le plus souvent
remplacée par la xérographie où une sorte
de photocopieuse se charge automatiquement du report papier/cellulo
6a. Le gouachage est effectué au
pinceau au dos des cellulos afin de ne pas toucher au trait et de montrer
un aspect lisse à la caméra. On utilise une peinture spéciale
qui doit être entre autre assez opaque pour ne pas laisser transparaitre
le décor et assez souple pour ne pas se craqueler lors des multiples
maniplulations.
7a. La préparation de l'animation
consiste à trier et classer les différentes couches (ou
niveaux) d'animation d'une scène, de prendre en compte les réutilisations
si nécessaire, et ce en vue du banc-titrage. On doit vérifier
notamment que les cellulos sont au complet, qu'ils sont bien numérotés
et ne comportent pas d'erreur ; que la feuille d'exposition est bien
remplie...
8a. Le banc-titrage est une étape
longue et minutieuse qui consiste à filmer chaque image (comprenons
par là : empilement des cellulos sur le décor) à
l'aide du banc-titre (ensemble comprenant une caméra positionnée
à la verticale sur un axe permettant les mouvements haut/bas
(pour les trucks IN/OUT), et un disque horizontal (pour les rotations)
muni de 2 barres à tenons (ou barres à picots) sur des
"rails" (pour les panoramiques). Le banc-titrage demande rigueur
et concentration à l'opérateur de prise de vue. En effet,
la moindre erreur (mauvaise exposition des dessins, mouvement de caméra/de
calque erroné) n'est visible qu'une fois la pellicule dévellopée
!
Méthode sur plateforme informatique :
5b. La préparation de l'animation
consiste à trier et classer les différentes couches (ou
niveaux) d'animation d'une scène en vue du scan. On doit vérifier
notamment que les dessins papier sont au complet, qu'ils sont bien numérotés,
que la feuille d'exposition est bien remplie... Pour chaque scène,
il faudra définir le nom de chaque tranche d'animation (=les
couches ou calques), le numéro de départ, d'arrivée,
et les valeurs de cadre donées par le layout.
6b. Le scan de l'animation (ou numérisation)
s'effectue sur un scanner d'animation qui peut prendre un grand nombre
de feuilles à la suite et des format supérieurs aux scanners
A4 grand public. Ce scanner est pris en charge par le logiciel de dessin
animé qui nous servira pour la suite. Contrairement au banc-titrage,
les dessins sont scannés selon leur numéro, indépendemment
de la feuille d'exposition.
Le scan des décors se fait sur un scanner acceptant des
format parfois supérieurs au A3. Contrairement au scanner d'animation
dont on vient de parler, celui-ci numérise en couleur.
7b. La mise en couleur s'effectue sur
ordinateur. Bien que l'opération se nomme toujours "gouachage",
la souris à ici remplacé le pinceau. Cette technique présente
plusieurs avantages : pas de pots de peinture à entreposer, rendement
élevé, possibilité de revenir sur ses pas, automatisation,
référencement des couleurs plus aisé et surtout
possibilité de "mini line-test" à tout moment
pour voir les sautes de gouache.
8b. Le compositing (= assemblage des
couches) remplace l'exposition manuelle, avec toujours la possibilité
nouvelle de revenir sur ses erreurs et de "linetester" à
tout moment. Outre ces fonctions qui permettent plus de souplesse, on
peut maintenant avoir plusieurs dixaines de couches à l'écran
là où l'exposition au banc-titre ne permettait l'empilation
que de 5 ou 6 cellulos pour des problèmes évidents de
transparence du cell.
Pour les effets spéciaux, le numérique permet là
encore des possibilités accrues même si, pour ma part,
on perd un peu du charme des effets optiques. Disons que la post-production
numérique s'offrant maintenant à la quasi-portée
de tous, il manque peut-être la rigueur et le savoir faire que
nécessitent les effets optiques...